C’est le Graal pour beaucoup, une source d’angoisse pour d’autres, mais surtout une exception culturelle française unique au monde. Si vous envisagez une carrière dans la musique ou l’audiovisuel, vous ne pouvez pas ignorer le statut intermittent du spectacle.
Souvent mal compris, ce régime est pourtant le socle de la vie professionnelle de milliers d’artistes, mais aussi de techniciens de l’ombre. Vous pensiez que les ingénieurs du son dans les grands studios étaient tous en CDI ? Détrompez-vous. Une grande partie d’entre eux navigue grâce à ce statut.
Qu’est-ce que c’est exactement ? Comment l’obtenir ? Pourquoi est-il vital pour les métiers du son ? Dans ce guide, nous allons démystifier les fameuses « 507 heures » et vous montrer comment y accéder.
1. Qu’est-ce que le statut d’intermittent du spectacle ?
Mettons fin à une confusion courante : « Intermittent » n’est pas un métier. Vous ne verrez jamais « Intermittent » sur une carte de visite.
Le statut intermittent du spectacle est un régime spécifique d’assurance chômage. Il a été créé pour s’adapter à la réalité des métiers du spectacle vivant, du cinéma et de l’audiovisuel, où l’emploi est par nature… discontinu.
Un technicien ou un artiste alterne entre :
- Des périodes d’emploi (les contrats, les « cachets »).
- Des périodes d’inactivité forcée (entre deux projets, en préparation, en démarchage).
👉 En résumé : Ce régime permet de percevoir des allocations chômage (l’ARE) entre deux contrats, afin de lisser ses revenus sur l’année et de pouvoir continuer à créer ou à se former sans craindre la précarité immédiate.
2. La règle d’or : Les 507 heures

C’est le chiffre qui hante les nuits des professionnels du secteur. Pour « ouvrir ses droits » à l’intermittence auprès de France Travail (ex-Pôle Emploi Spectacle), il faut justifier d’un volume d’activité minimum.
La règle est simple en apparence : Vous devez avoir effectué 507 heures de travail sur une période de 12 mois.
Cela correspond environ à 3 mois de travail à temps plein étalés sur une année. Chaque contrat doit être déclaré via une AEM (Attestation Employeur Mensuelle) ou le GUSO (pour les employeurs occasionnels).
⚠️ Attention à la « date anniversaire » : Une fois vos droits ouverts, ils le sont pour un an. À la fin de cette année, France Travail vérifie si vous avez à nouveau effectué vos 507 heures pour renouveler le statut. C’est une course de fond permanente.
3. Qui est concerné ? (Le cas des Ingénieurs du Son)
Ce statut ne concerne pas tout le monde. Il est strictement réservé aux professionnels relevant de deux listes précises :
- L’Annexe 8 : Pour les artistes interprètes (musiciens, chanteurs, acteurs, danseurs…).
- L’Annexe 10 : Pour les techniciens et ouvriers du spectacle.
L’ingénieur du son : un technicien souvent intermittent
C’est un point crucial si vous souhaitez devenir ingénieur du son.
Dans l’imaginaire collectif, l’ingénieur du son travaille en CDI dans un studio fixe. Si cela existe, c’est de plus en plus rare. Aujourd’hui, la flexibilité est la norme.
Dans les grands studios d’enregistrement parisiens, sur les plateaux de tournage, ou en tournée avec des artistes, une grande majorité des ingénieurs du son, mixeurs et beatmakers professionnels travaillent sous le régime de l’intermittence (Annexe 10).
Ils sont embauchés « au projet » : pour l’enregistrement d’un album pendant deux semaines, pour mixer un concert un soir donné, ou pour une session de post-production. Le statut d’intermittent est donc parfaitement adapté à leur rythme de travail fragmenté.
4. Avantages et Inconvénients : La réalité du terrain

Le statut d’intermittent du spectacle n’est pas une rente, c’est un filet de sécurité qui demande beaucoup de rigueur.
✅ Les avantages
- Sécurité financière : Il permet de payer son loyer même les mois où il y a moins de contrats.
- Liberté artistique : Il offre du temps pour travailler sur des projets personnels non rémunérés, se former sur de nouveaux logiciels (comme Studio One Pro 7) ou démarcher.
- Accès à la formation continue : Les intermittents ont accès à des financements (AFDAS) pour continuer à se former tout au long de leur carrière.
❌ Les inconvénients
- Le stress administratif : Il faut être extrêmement rigoureux sur la gestion de ses contrats et de ses heures.
- La pression des 507 heures : La peur de ne pas renouveler son statut l’année suivante peut pousser à accepter n’importe quel contrat.
- Des revenus fluctuants : Même avec les allocations, les revenus ne sont jamais fixes. Pour en savoir plus sur les revenus, consultez notre article sur le salaire d’un ingénieur du son.
5. Comment la formation aide à obtenir le statut ?
Soyons clairs : pour obtenir des contrats et donc vos 507 heures, il faut être compétent. Les studios et les artistes n’embauchent pas des techniciens approximatifs.
C’est ici que la formation initiale est déterminante.
- Acquérir les compétences : Une formation solide (comme notre Formation Ingénieur du Son) vous rend immédiatement opérationnel. Vous maîtrisez le matériel, les logiciels, et les codes du studio. C’est la condition sine qua non pour décrocher vos premiers cachets.
- Le réseau : Se former dans une école reconnue, c’est aussi rencontrer des formateurs actifs dans le milieu et des collègues qui seront votre futur réseau professionnel. Le premier contrat vient souvent d’une recommandation.
- Les heures de formation : Sous certaines conditions très strictes (notamment en fin de droits), certaines heures de formation peuvent parfois être comptabilisées dans le calcul des 507 heures. Renseignez-vous toujours auprès de France Travail ou de l’AFDAS.
💡 Le conseil de Formasound : Ne visez pas le statut intermittent comme un objectif final. Visez l’excellence technique. Si vous êtes bon, les contrats suivront, et le statut d’intermittent viendra naturellement soutenir votre carrière.
À retenir
- Le statut intermittent du spectacle est un régime d’assurance chômage adapté au travail discontinu, pas un métier.
- La condition d’accès est de cumuler 507 heures de travail déclarées sur 12 mois.
- Il est vital pour les techniciens (annexe 10) : de très nombreux ingénieurs du son en studio ou en live travaillent sous ce régime.
- C’est un statut exigeant qui demande une grande rigueur administrative.
- La meilleure façon de l’obtenir est de se former sérieusement pour devenir indispensable sur le marché du travail.